[Andy Schleck]

«On voulait faire la course pour Andy», confirme Kim Andersen, bien obligé de convenir, comme tous les témoins présents hier, que le vainqueur du Tour 2010 s'est retrouvé malheureusement en défaillance. En détresse. Et qui plus est dans un peloton mêlant professionnels et amateurs. Impossible donc de se réjouir car évidemment, le tableau est assez alarmant, sombre même, et rien ni personne n'y pourra, dans l'immédiat, y changer quelque chose. C'est d'ailleurs un visage rongé par le doute et rempli d'incrédulité qu'Andy offrit au public à son arrivée, puisqu'il faut aussi le remarquer, il a tenu à terminer alors qu'il aurait aussi bien pu filer par la petite porte et s'épargner cette petite séance d'humiliation jamais bien agréable pour l'ego d'un champion.



On change de leader

en route

Mais voilà, en parlant de champion, de championnat, puisqu'il faut tout de même bien en parler, l'équipe RadioShack a dû improviser en cours de route une inversion des rôles qui aurait très bien lui coûter cher si Bob Jungels ne possédait pas tant de classe.

Car une fois qu'Andy Schleck avait averti ses coéquipiers que finalement, il déposerait les armes avant de pouvoir s'en servir, il fallait pouvoir retrouver un remplaçant de taille. Pas simple lorsque l'on sait que Bob Jungels avait passé le plus clair de son temps à passer des relais de brute. Soit pour effectuer le tempo de base, soit pour revenir sur Ben Gastauer, auteur d'une attaque, certes osée, mais qui avait le mérite d'avoir été tentée.

Pas simple lorsque l'on sait que Laurent Didier venait de jouer aux artificiers de base à trois tours de l'arrivée. «J'avais accéléré et on s'était retrouvés à quatre avec Bob (Jungels), Pit (Schlechter) et Jempy (Drucker). Puis un deuxième groupe est revenu (avec Ben Gastauer, Alex Kirsch, Joël Zangerlé et Tom Thill) mais il n'y avait plus Andy», rappelle Laurent Didier qui tenta donc une deuxième estocade.

Mais Jempy Drucker et Ben Gastauer avaient recollé. Le moment choisi donc par Bob Jungels pour contrer. «Il m'a pris vingt mètres et je savais que c'était assez pour lui», rapporte Jempy Drucker, qui s'est retrouvé une nouvelle fois, une fois de trop, en infériorité numérique avec le seul Ben Gastauer pour chasser. De seconde en seconde, le trou était fait. Bob reprenait un rôle de leader improvisé qui lui allait finalement très bien.

Car c'est une certitude partagée par tous à l'issue de ce championnat national finalement assez déroutant, le plus costaud s'est imposé hier à Dippach.

Désormais, on pourra parler de Bob Jungels comme d'un double champion national. Qui n'aura surtout pas volé ses deux titres. Et se sera déployé en véritable sauveur de son équipe.



Andersen : «On ne comprend pas»

Le directeur sportif de l'équipe RadioShack-Leopard-Trek ne pouvait que témoigner hier son impuissance face à la détresse manifeste d'Andy Schleck.

Il l'a dévisagé en un instant et a affiché un petit rictus démontrant qu'il partageait sa peine sans pour autant pouvoir l'expliquer rationellement.

Lorsque Andy Schleck a rallié l'aire d'arrivée et filé beaucoup plus loin sans s'attarder, bien au-delà de la ligne d'arrivée, Kim Andersen, qui avait passé toute la course dans la voiture suiveuse de RadioShack-Leopard, avec comme passager Johnny Schleck, essayait de lire un message dans son regard. Évidemment un regard des mauvais jours. «On voit qu'il n'est pas content, qu'il est en colère. C'est vrai que quand tu vois ça, c'est difficile de parler...»

Andersen avait d'abord chaleureusement félicité Bob Jungels comme il se devait de le faire. Car si, hier après-midi, on pouvait s'inquiéter pour Andy Schleck, lâché de la tête de course en compagnie des espoirs, on ne pouvait que se réjouir de la si belle santé affichée de Bob Jungels. «Ce qu'il a fait est de nouveau remarquable!», confirmait-il.

Mais le technicien danois, l'homme de confiance des frères Schleck, qui sera à partir de samedi directeur sportif numéro un de l'équipe luxembourgeoise sur les routes du Tour, était comme tout le monde, interdit. Et rongé par le doute, revenu aussi vite qu'il n'était pas parti, voici dix jours au soir de la septième étape du Tour de Suisse arrivant à La Punt, où le vainqueur du Tour 2010 était parvenu en quinzième position, quasiment ressuscité.

S'agissait-il donc hier d'une vilaine rechute? «Je ne sais pas comment expliquer ça, répond Kim Andersen. Ces derniers jours, je peux vous dire qu'il allait très bien dans les séances de scooter. Dans ce championnat, je ne cache pas qu'il était notre leader mais à trois tours de l'arrivée, il a averti tout le monde qu'il n'était pas bien. Ce n'est évidemment pas l'idéal dans la perspective du Tour mais on ne peut rien changer. Tout ce que j'ai vu aujourd'hui (hier) c'est qu'il n'arrivait pas à avoir un bon rythme. On ne comprend pas.»

Au fond, personne, ne comprenait. Pas plus le public, ses coéquipiers, son directeur sportif que Johnny, son père. Car personne n'est à la place d'Andy, qui, depuis sa chute survenue l'an passé sur le Dauphiné, chasse en vain son propre fantôme.


(de "le Quotidien")

È meglio se lo leggete tutto, ma in poche parole la RadioShack lavorava per Andy e quando a un certo punto hanno accelerato, lui ha perso contatto e nessuno sa spiegarsi perché